Zones
humides littorales méditerranéennes
Les sols des zones humides littorales (prés salés, sansouires,
lagunes, scirpaies, jonçaies,
) sont caractérisées
par des accumulations de sels (sous formes de chlorures, de sulfates
ou carbonates). Ces sols salés ou halomorphes résultent
de la submersion périodique par les eaux marines (cas des lidos
submersibles) ou de la faible profondeur de la nappe phréatique
salée (cas des basses plaines).
SERVANT
(1975) qui a étudié ces sols en région méditerranéenne
distingue plusieurs types de sol dont les deux principaux décrits
ci-dessous :
1 - les
sols salins ou solontchaks : proches de la mer et qui présentent
une forte salinité et un profil peu différencié.
Ils sont colonisés par des espèces spécialisées
ou halophytes du genre: Salicornia, Arthnocnemum, Obione, Statice, Suaeda,
Frankenia, etc.)
2 - les
sols salés à alcali qui ont une salinité moindre.
Les contraintes liées aux sels étant moins fortes, plusieurs
groupes d'espèces peuvent les coloniser.
Nous avons présenté dans le tableau suivant, les indices
d'hydromorphie observés dans le sol des principaux types de zones
humides littorales.
Type
de zone humide |
Indices
d'hydromorphie observés |
Enganes
à Salicornia fruticosa
Arthrocnemum
glaucum
|
Tâches
de gley dès la surface de couleur bleu gris
Efflorescences blanches liées au dépôts de sels
|
Phragmitaies
à Phragmites australis
Scirpaies à Scirpus maritimus
|
Couleur
grise dans tout le profil marquant une saturation plus longue que
les enganes, l'hydromorphie est accentuée |
Prés
salés humides à submersion périodique à
Juncus subulatus et Aeluropus littoralis |
Tâches
d'hydomorphie dans tout le profil couleur gris-brun |
Prés
salés à submersion accidentelle à Alopecurus
bulbosus et Aster squamatus |
La
marque d'hydromorphie n'apparaît qu'en profondeur vers 25
à 30 cm ou plus, indiquéepar une couleur ocre (sulfate
de fer ). |
Zones
humides des plaines alluviales
Ces zones humides, alimentées souterrainement par la nappe, sont
caractérisées par :
- des sols
à gley dans les plaines alluviales où les oscillations
de la nappe sont faibles. Dans ce cas la nappe est très réductrice
et le fer peu mobile s'accumule en bas du profil donnant une couleur
caractéristique verdâtre ou bleuâtre (gley réduit).
- des sols
alluviaux à gley ou semi-gley dans les zones où la nappe
subit de fortes oscillations et est peu réductrice. Dans ce cas,
l'horizon à gley n'est pas de couleur uniforme et la ré-oxydation
du fer donne des taches de couleur rouille. Les caractéristiques
de l'hydromorphie sont moins évidentes dans ces sols puisqu'ils
forment une transition entre les sols hydromorphes et les sols alluviaux
non hydromorphes.
Zones humides de montagne
Dans ces zones, l'hydromorphie du sol est favorisée par un climat
froid et humide (précipitations importantes, ETP faible, basses
températures) et un défaut de drainage qui peut être
lié à la nature du sol (argiles,
), et/ou à
la topographie (dépressions, combes,
).
Ces conditions
où se combinent froid et humidité sont à l'origine
de l'existence de nappes superficielles et de la faible décomposition
de la matière organique.
Nous avons
résumé dans le tableau suivant quelques caractéristiques
de sols de zones humides de montagne en nous basant sur des profils
types décrits par DUCHAUFOUR (1977).
Etage
bioclimatique |
Exemples
de végétation
|
Caractéristiques |
Etage
alpin |
Combes
à neige
Pelouses alpines |
Stagno-gley
initial : ségrégation du fer incomplète
Taches rouille sur fond beige |
Sub-alpin
ou Montagnard supérieur |
Forêts
subalpines à Sphagnum
Landes humides
|
Stagno-gley
podzolique : réduction et élimination complète
du fer
Décoloration complète Pas de concrétions ni
d'horizon d 'accumulation du fer |
Montagnard
moyen |
Landes
humides
Pelouses dégradées à Molinia coerulea
|
Stagno-gley
modalRéduction et élimination complète du fer
Décoloration complète |
Zones
humides tourbeuses
Ce type de zone humide peut se rencontrer aussi bien dans l'étage
alpin que sub-alpin ou montagnard. Dans ce cas, les indices de l'hydromorphie
du sol sont plus faciles à mettre en évidence puisque
les sols se caractérisent par de dépôts de matières
organiques (histosols) dont la hauteur varie de 0,3-0,5 m à plusieurs
mètres.
Type
de formation
|
Régime
hydrologique |
Type
de sol |
Prairies
à Deschampia cespitosa |
Nappe
phréatique (0,5 à 1m)
Submersion
périodique
|
Sols
alluviaux à gley moyen ou gley profond
|
Cariçaies
eutrophes à Carex acutiformis et C.elata |
Nappe
phréatique superficielle (<0,5 m)
submersion périodique de faible profondeur
|
Sols
humiques à gley
Tourbe eutrophe |
Cladiaie
à Schoenus nigricans |
|
Tourbe
eutrophe |
Cas
des sols alluviaux très filtrants
Cette situation se rencontre dans les zones d'alluvions composées
de matériaux grossiers qui sont trop filtrants et excluent le
phénomène d'hydromorphie comme le note DUCHAUFOUR (1977).
Ces zones sont, malgré la non satisfaction aux critères
sol et végétation, des zones humides particulières.
Elles se rencontrent dans les grèves de certaines rivières
méditerranéennes qu'elles soient à débit
permanent ou pas. L'absence d'hydromorphie dans ce type de sols a conduit
certains experts comme R. CARBIENER à ne pas proposer l'utilisation
du critère pédologique pour identifier les zones humides
car cela exclurait de nombreuses zones humides situées sur les
substrats filtrants ou combinant de forts battements de nappe.
Tableau
à télécharger : classification des sols hydromorphes
Liste
des organismes a contacter
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