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Quelles sont les plantes hygrophiles ?

La loi fait référence aux plantes hygrophiles, mais elle ne précise pas les types de végétaux ou les espèces considérées comme hygrophiles. Or pour satisfaire au critère végétation, cette dernière doit être dominée par une catégorie de plantes. Il est donc utile, voire nécessaire, d'établir une liste des espèces hygrophiles ou à défaut de préciser les caractéristiques permettant de les identifier.

Les travaux de botanique et d'écologie ont permis de repérer parmi les espèces rencontrées dans les zones humides celles qui sont plus fréquentes ou qui sont exclusivement présentes dans les zones humides. Ces espèces qualifiées d'hygrophiles ont développé des adaptations leur permettant de s'installer, croître et se reproduire dans les sols inondés ou saturés en eau de manière permanente ou périodique.

Ces espèces caractéristiques de zones humides peuvent être réparties dans trois grands types de végétaux :

  les hydrophytes : Ce sont des plantes strictement aquatiques qui développent la totalité de leur appareil végétatif dans l'eau ou à la surface. Elles peuvent être flottantes (Lentilles d'eau), en surface (Nénuphars), entre deux eaux (Utriculaires) ou complètement submergées (Isoètes, Potamots, Zostères, Posidonies, Ruppies…)
     
  les hélophytes : Ce sont des plantes qui sont enracinées dans un sol submergé une partie de l'année et qui développent un appareil végétatif aérien. Elles se rencontrent dans les plans d'eau peu profonds comme les lagunes ou en bordure de plans d'eau. On parle aussi de plantes émergentes (Roseaux, Scirpes et Joncs lacustres, Massettes,…).
     
  les halophytes : Ce sont les espèces végétales qui tolèrent le sel et qui se développent plutôt dans des eaux salées ou saumâtres (Salicornes, Soudes, Obiones,…). Ces espèces subdivisées en halophytes strictes ou tolérantes sont surtout caractéristiques des zones humides littorales proches de la mer.

Comment établir la liste des plantes hygrophiles ?

Aux USA, où l'expérience d'identification et de délimitation des zones humides est ancienne, une liste nationale des espèces végétales des zones humides a été élaborée à partir de nombreux relevés de présence absence effectués sur le terrain par les naturalistes (REED, 1986). La synthèse de ces données a permis de calculer les probabilités d'occurrence des espèces en zones humides et non humides. Cette liste distingue cinq catégories d'espèces :
1 - les espèces obligatoires de zones humides. Ce sont les espèces dont plus de 99% des occurrences ont lieu dans les zones humides,
2 - les espèces préférentielles de zones humides. Ce sont les espèces dont 67 à 99% des occurrences ont lieu dans les zones humides,
3 - les espèces indifférentes. Ce sont les espèces dont 34 à 66% des occurrences ont lieu dans les zones humides,
4 - les espèces accidentelles de zones humides (ou préférentielles de zones non humides). Ce sont les espèces dont 67 à 99 % des occurrences ont lieu en zones non humides,
5 - les espèces obligatoires de zones non humides. Ce sont les espèces dont plus de 99% des occurrences ont lieu dans les zones non humides,
Dans cette classification, seules les espèces des trois premières catégories font partie de la liste des espèces de zones humides.


Cette liste nationale est subdivisée selon les grandes zones bioclimatiques et les états; elle est constamment actualisée en fonction des connaissances acquises.
La méthode fédérale considère qu'une zone répond au critère végétation si au moins 50 % des espèces dominantes rencontrées dans les différentes strates de végétation appartiennent aux trois premières catégories (espèces obligatoires, préférentielles et indifférentes).

Cette démarche est intéressante dans la mesure où elle donne une méthode précise permettant d'appliquer le critère " végétation " de la définition juridique américaine. Elle a été appliquée en Grèce dans le cadre du programme MedWet pour définir les espèces de zones humides littorales.

Cette méthode, qui ne s'intéresse qu'aux espèces dominantes, offre un autre avantage important celui de pouvoir être rapidement mise en œuvre sur le terrain sans connaissance approfondie de toute la flore.


Liste des espèces végétales de zones humides du sud-est de la France


Il faut préciser qu'en France nous n'avons pas à l'heure actuelle assez de données fiables pour appliquer cette méthode et la tester. Cependant, nous avons élaboré, dans la perspective de l'utilisation ultérieure de cette méthode, une première liste des espèces végétales spécifiques aux zones humides du sud-est de la France. Cette liste a été établie à partir de la consultation de nombreux relevés floristiques et de la synthèse de travaux effectués dans les zones humides du sud de la France par différents auteurs (BRAUN-BLANQUET (1952), TCHOU (1948,1949), PAUTOU (1975), PAUTOU et al. (1979), BAUDIERE (1972), CORRE (1976, 1983), POISSONET (1971), DAGET et al. (1972), LONG (1972), DELPECH (1972), GUILLERM (1972).

Cette première liste a été établie en prenant les espèces caractéristiques et les compagnes de grande fréquence des associations végétales spécifiqes aux zones humides. Elle devrait être soumise à l'avis de nombreux botanistes de terrain pour être complétée, validée et testée avant de constituer la liste de référence utilisable pour identifier et délimiter des zones humides juridiques. Elle pourra servir de base à l'élaboration d'une liste nationale des espèces végétales de zones humides tenant compte des régions biogéographiques et des territoires des Agences de Bassin.
Pour faciliter son utilisation ultérieure, cette liste est présentée dans le volume 2 consacré aux méthodes d'identification et de délimitation.

2.4.3 - Végétation et dominance

Végétation et flore

Il est utile de rappeler ici la distinction entre flore et végétation. Ces deux notions recouvrent des réalités très différentes puisque la flore est " l'ensemble des plantes composant la végétation et identifiées au moyen de catalogues ou dans des flores ", alors que la végétation " s'intéresse à la forme, à la physionomie des plantes et surtout à leurs groupements " (GAUSSEN H., in Encyclopædia Universalis, 1995).
A cette notion de végétation s'ajoute, introduite par le Code du CNRS/CEPE (1968), celle de formation végétale définie comme " un ensemble de végétaux qui peuvent appartenir à des espèces différentes mais qui présentent pour la plupart, des caractères convergents dans leurs formes biologiques et parfois dans leurs comportements ".

Espèces dominantes

Pour C. FLAHAULT (1901), qui a introduit cette notion, " certaines espèces sont dominantes, soit parce qu'elles sont caractéristiques du paysage végétal par la taille, le nombre, la forme ou la durée des individus (espèces sociales) soit par l'action qu'elles exercent sur l'habitat en créant pour ainsi dire la station ".
Cette notion tient compte de l'abondance des espèces et de leur recouvrement dans les différentes strates qui composent la végétation. Les espèces dominantes sont donc " celles que l'on voit " et qui par leur abondance ou recouvrement importants vont marquer le paysage végétal.


Comment déterminer les espèces dominantes ?


Avant de déterminer les espèces dominantes de la végétation, il faut d'abord établir les types de formations auxquelles nous avons affaire sur la base de la physionomie (forêts, landes, prairies, etc.) et ensuite, définir le nombre de strates principales qui composent la végétation du site : strate arborée, strate arbustive, strate herbacées, strate muscinale (si elle est importante).
On peut se référer, pour les mesures ou les estimations du recouvrement, soit aux méthodes qui font appel à des estimations visuelles, soit aux méthodes qui font appel à des mesures quantitatives précises établies à l'aide des différents dispositifs (points-quadrats, transects, etc.) décrits dans le Code méthodologique du CNRS/CEPE (GODRON et al., 1968).


Comment arrêter la liste des espèces dominantes ?


Les espèces dominantes sont celles qui ont les recouvrements les plus importants au niveau de chaque strate considérée. Généralement ce nombre ne dépasse pas la dizaine pour l'ensemble des strates considérées. Les études de phytosociologie et d'écologie attribuent généralement entre deux et cinq espèces dominantes à chacune des strates.
Nous recommandons, de choisir entre une et cinq espèces par strate en fonction de l'hétérogénéité de la végétation et de ne pas dépasser une dizaine d'espèces au total.

Une autre méthode simple préconisée aux USA pour les zones humides consiste à ranger les espèces par ordre décroissant de recouvrement les espèces présentes dans chaque strate. Les espèces dominantes dans chaque strate sont celles dont les recouvrements cumulés dépassent 50 % du recouvrement total de la strate considérée auxquelles on ajoute les espèces dont le recouvrement est supérieur à 20% du total du recouvrement de la strate considérée. Cette méthode offre l'avantage de fixer un seuil (50%), pour arrêter la liste des espèces dominantes.

Exemples
en gras : espèces dominantes

1 - Sansouires : on considère que la végétation a une seule strate entre 0 et 0,5m

Arthrocnemum glaucum 60 %
Arthrocnemum fruticosum 30 %
Halimione portulacoïdes 20 %

Inula crithmoïdes 10 %

2 - Ripisylve à Peuplier blanc dominant dans laquelle sont distinguées trois strates

strate arborée

Populus alba (40%)
Populus nigra (25%)
Alnus glutinosa (20%)

Fraxinus oxycarpa (10 %)

strate arbustive

Rubus caesius (50%)
Cornus sanguinea (25%)
Hedera helix (20%)

Clematis vitalba (10 %)

strate herbacée

Brachypodium sylvaticum (40 %)
Urtica dioica (25 %)

Gallium mollugo ( 15 %)
Saponaria officinalis (10 %)

Dans le premier exemple : Arthrocnemum glaucum forme à elle seule plus de la moitié du recouvrement de la strate et on ajoute les espèces dont le recouvrement est supérieur à 20% : Arthrocnemum fruticosum et Halimione portulacoïdes. Dans le cas N°2, seuls Brachypodium sylvaticum et Urtica dioica sont considérées comme dominantes dans la strate herbacée car les deux autres espèces ont des recouvrements inférieurs à 20 %.


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